Vecteurs de paludisme en Guyane française : étude dans un foyer épidémique proche de Cayenne

Pendant longtemps, le paludisme a posé un problème majeur de santé publique et a entravé le développement démographique et économique de la Guyane Française.

La chimioprophylaxie et les pulvérisations intradomiciliaires de DDT instaurées en 1949 aboutirent à une réduction spectaculaire du nombre des cas. À partir de 1976, à la suite d’importants flux migratoires, le paludisme reprit de plus en plus d’importance. En 1989, de nombreux cas furent observés après l’arrivée d’environ 500 immigrants dans un lieu inhabité, situé à 7 km au S-E du chef lieu Cayenne.

L’étude entomologique débuta en 1950 par des séances hebdomadaires de captures vespérales sur appât humain dans les maisons et par la recherche des gîtes larvaires autour des habitations.
Les Anopheles collectés étaient identifiés puis les femelles étaient disséquées pour déceler une infection par Plasmodium et pour établir le taux de femelles pares.

Afin de contrôler les vecteurs, des pulvérisations intradomiciliaires de deltaméthrine (15 mg/m2) et de DDT (2 g/m2) à quatre mois d’intervalle furent associées à des thermonébulisations de naled autour des maisons et à des épandages ULV de fénitrothion (500 ml/ha) sur les gîtes larvaires.
Un programme d’éducation sanitaire fut lancé en avril 1990 et 288 moustiquaires imprégnées de deltaméthrine (15 mg/m2) furent traitées en juin.

De 1990 à 1998, 1 588 Anopheles (Nyssorhynchus) (498 larves + 1090 adultes) furent collectés : An. aquasalis 797 (311 L + 486 A). An. braziliensis 139 (87 L + 52 A). An. darlingi 652 (100 L + 552 A).

Aucun Plasmodium ne fut décelé chez 710 femelles disséquées. Dès la fin de 1990, le nombre des cas de paludisme fut presque nul et un seul cas dû à P. vivax fut observé de 1995 à 1998, montrant ainsi que les mesures de contrôle avaient été efficaces La disparition du paludisme après l’élimination d’An. darlingi permet de considérer cet Anopheles comme le principal, sinon le seul responsable, de la transmission dans la localité étudiée.

Cette étude montre que, comme par le passé, des foyers épidémiques apparaissent lorsque des personnes venant de régions impaludées s’installent dans des lieux inhabités où An. darlingi est présent.