Pêche et gestion piscicole en Guyane

Par lettre du 19 janvier 2005 […] le Directeur de l’eau sollicitait du chef du service de l’Inspection générale de l’environnement une mission d’inspection portant sur la pêche et la gestion piscicole dans les eaux douces de Guyane, en vue notamment “…de juger de l’opportunité de la création d’une unité du CSP…, afin de préciser les perspectives d’une application progressive de la réglementation de la pêche en Guyane”.

La configuration du réseau hydrographique de la Guyane, constituée “en côtiers parallèles” ainsi qu’il ressort de la carte ci-après, lui confère un haut niveau d’originalité biotypologique.

En effet, ce réseau n’est pas communicant entre ces constituants – Maroni, Mana, Sinnamary, Approuague, Oyapock d’ouest en est pour les plus importants –, spécificité que l’on retrouve au niveau des espèces avec notamment, au plan de leur répartition biogéographique, la séparation en deux groupes d’affinités distinctes :

– le groupe Maroni, Mana, Sinnamary d’une part,
– le groupe Approuague, Oyapock d’autre part.

Il règne par ailleurs dans le réseau hydrographique un fort degré d’endémisme qui, au vu des connaissances actuelles, apparaît propre à la Guyane : on peut citer en effet près d’une centaine d’espèces qui ne sont connues, dans le monde, qu’en Guyane.
La biodiversité piscicole s’avère plus importante, en l’état actuel des connaissances, que celle des deux “Guyanes” voisines, le Surinam et le Guyana.

Une analyse des différents travaux d’inventaires montre d’ailleurs que les eaux douces guyanaises présentent une richesse spécifique supérieure à celle des grands bassins néotropicaux.

Le rapport constate le déficit des connaissances éthologiques et en regrette les conséquences lors de grands aménagements tels que le barrage de Petit-Saut.

Il analyse le droit applicable localement en matière piscicole et recommande la publication rapide d’un texte référent fixant la liste des espèces de poissons représentées dans les cours d’eau et les plans d’eau de Guyane.

Il propose de développer, à l’initiative de la DIREN, l’éthologie des espèces subissant l’effort de pêche le plus important, de reconnaître une pêche semi-professionnelle et de charger l’ONCFS, de longue date représenté sur le territoire, parfaitement au fait de ses spécificités écologiques, de développer les actions de garderie, ce pour quoi ses agents sont habilités et qu’ils mettent en œuvre épisodiquement.

Il engage à la prudence quant à l’introduction d’espèces allochtones. Enfin il invite à agir sans faiblesse sur l’orpaillage clandestin à l’amont des sites pêchés.