Ce rapport tente d’apporter les éléments de réponse souhaités dans un contexte général marqué par :
- l’extrême “jeunesse” du réservoir dont la mise en eau, étagée entre janvier 1994 et juin 1995 vient juste de se terminer, avec les avatars que l’on sait en matière de dégradation, d’une intensité inattendue, de la qualité de l’eau tant du réservoir que du Sinnamary. Cette situation a été à l’origine de l’arrêt dès l’automne 1994 des essais de turbinage et de l’adoption, en catastrophe, de dispositions techniques dont les effets sur le court et le moyen terme ne peuvent encore être appréhendés avec précision.
- la grande complexité des mécanismes biogéochimiques qui ont, d’emblée, “marqué” le statut de qualité globale des deux milieux respectifs : le réservoir lui-même et le fleuve à son aval. Leur nature et la violence de leurs manifestations ont surpris tant les concepteurs de l’aménagement que la communauté des scientifiques spécialement constituée et consultée pour formuler des orientations techniques sur le contenu du suivi à réaliser et les objectifs de qualité à respecter à travers les consignes de gestion de l’aménagement.
- l’extrême profusion des travaux scientifiques réalisés, ou qui se poursuivent, qui n’ont sans doute pas suffisamment obéi, dans leur conceptualisation, leur formulation et leur exécution, à une logique d’ensemble, fondée sur une bonne appréhension préalable des principaux mécanismes externes (appelés ci-après les “forçages”) qui “contrôlent” en très grande partie les manifestations biogéochimiques observées dans le système “réservoir-fleuve”.
Cette situation de départ oriente la tonalité générale du présent rapport. Il ne prétend aucunement à une quelconque contribution technique se juxtaposant à une masse extrêmement dense d’informations et de connaissances d’ores et déjà acquises.
Limitant sa portée aux seuls “aspects de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques”, selon les termes mêmes de la lettre de mission, et s’appuyant sur les éléments additionnels à disposition à la date de sa rédaction (août 1995), son objectif essentiel est d’une triple nature :
1. – partant des concepts de base propres aux différents “forçages”, il en fait une analyse adaptée au contexte de Petit Saut. C’est sans doute l’étape préliminaire obligée pour une correcte évaluation des impacts. Cette analyse fixe les conditions générales de “l’environnement” offert aux biocénoses dont la nature et les interrelations définissent le Statut Ecologique Global (SEG) du milieu.
2. – sur ces bases, et tenant compte des mécanismes observés lors du remplissage, des essais de turbinage et de la situation installée maintenant que la phase de remplissage est achevée, il tente un exercice de très haute volée sur le devenir possible du Statut Ecologique Global tant du réservoir que du fleuve à son aval, qui va progressivement s’installer et qui dépendra tout autant des “forçages” (dont l’influence s’inscrit sur le long terme) que des conditions opérationnelles d’exploitation. Cette analyse est menée d’une manière comparée, par référence à un milieu stagnant “fonctionnant” correctement.
3. – il essaie enfin de formuler quelques prescriptions pour l’avenir se rapportant notamment à l’infléchissement souhaitable du dispositif de suivi de la qualité et, plus généralement, sur le contenu du retour d’expérience à tirer de Petit-Saut pour une éventuelle adaptation à des cas de figure analogues.