Les pirogues du Maroni

Sur le Maroni, fleuve frontière entre la Guyane française et le Surinam, les pirogues amarrées le long des berges se comptent par centaines. Elles représentent le seul moyen de transport pour les milliers de personnes vivant sur les rives du Maroni.
Les différentes formes de pirogues sont révélatrices de la diversité géographique du Maroni et de la diversité culturelle des populations.
Les Amérindiens du littoral naviguent uniquement dans l’estuaire du fleuve. Ils construisent des pirogues larges, hautes et terminées à la poupe par une haute étrave qui fend les vagues.

Ces pirogues sont construites à partir d’une coque monoxyle expansée et rehaussée d’un ou de deux bordages. En chauffant la grume évidée, le bois acquiert une certaine plasticité qui permet d’écarter les flancs et d’obtenir une coque très large à partir d’un arbre de faible diamètre.

Les Bushinenge, populations d’origine africaine qui ont déserté les grandes plantations de la Guyane hollandaise dès le début du XVIIe siècle et se sont installées sur les deux rives du Maroni, ont développé des formes de pirogues adaptées au passage des sauts. Leurs pirogues, construites également en expansant la coque au feu, sont étroites et longues et possèdent des extrémités curvilignes qui dépassent largement au–dessus du bordage.

Les longues pirogues à moteur comme les canots–pagaies sont ornés de motifs d’entrelacs appelés tembé; et de décors d’inspiration contemporaine.
L’inventaire des pirogues du Maroni a mis en évidence la richesse et la vitalité du patrimoine nautique de cette région au début du XXIe siècle, tant au niveau des formes des embarcations que des décors et des pratiques de navigation.